Hugo Boucheron et Matthieu Androdias ont été couronnés d’or cet été à Tokyo en aviron deux de couple. Cette performance, ils l’ont réussi grâce à leur travail acharné, mais également grâce à leurs différents soutiens. La Fondation du Sport Français souhaite mettre en avant le soutien apporté par leur mécène Cost House via le Pacte de Performance. Découvrez l’interview croisée entre les 2 athlètes et Olivier Brongniart, Président et co-fondateur de Cost House.

© CNOSF/KMSP
Les Jeux de Tokyo ont été particuliers. Comment les avez-vous vécu personnellement ?
MA : Particuliers oui, nous avions préparé les conditions particulières de Tokyo, le fait qu’il n’y ait pas de public. En revanche, cette pression nous l’avions, nous étions testés tous les matins, le couperet était fatal car si nous avions un test positif (Covid-19), nous étions directement disqualifiés. Nous n’avons pas vraiment eu cette expérience de village olympique, on rasait les murs, on faisait très attention.
Vous avez rencontré beaucoup de problèmes pendant votre préparation (blessures, maladies, Covid-19), comment avez-vous su élever votre niveau de performance à Tokyo ?
HB : On a enchainé pas mal de pépins ? En 2019, Mat’ (Matthieu Androdias) est blessé toute l’année, on revient ensuite à notre meilleur niveau pour la qualification olympique mais une toxoplasmose arrive pour moi, on arrive tout de même à se qualifier. Le Covid-19 arrive l’année suivante, je l’attrape rapidement, 1 semaine avant les championnats d’Europe de 2020. On enchaine ensuite la saison les yeux fermés jusqu’aux Jeux, on n’avait pas de vision sur notre niveau en double car nous n’avions plus de compétitions de référence. On a donc changé notre façon d’entraînement en privilégiant la qualité, on a décidé de se donner à 100% à chaque session et de se faire mal. Nous sommes arrivés aux championnats d’Europe en avril 2021 et ça a très bien fonctionné (champions d’Europe).
Vous avez donc remporté cette médaille d’or en aviron – deux de couple, quel sentiment cela vous procure ?
MA : Tout se bouscule car c’est pleins de symboles pour moi, lorsque j’étais petit j’avais un poster dans ma chambre de nos prédécesseurs champions olympiques (Sébastien Vieilledent et Adrien Hardy, champions olympiques à Athènes en 2004) qui étaient mes idoles. Succéder à leur exploit, avec Adrien Hardy aux commentaires de France Télévisions, c’était un peu “la boucle est bouclée”. Je suis passé du rêve à la concrétisation du projet, c’est une immense fierté, beaucoup d’émotions. Je remercie bien évidemment tous ceux qui nous ont aidé, c’est le sommet de notre montagne. Le but du jeu va être maintenant de créer une nouvelle montagne (Paris 2024) car on n’a pas envie que ça s’arrête.
Comment avez-vous vécu cette médiatisation soudaine ?
MA : On sait que l’on a une fenêtre médiatique très réduite, on sait que l’on a de l’anonymat pendant 3 ans et demi, et pendant les Jeux on sait que c’est une période où les gens aiment regarder de l’aviron, il y a eu de superbes audiences. C’est une courte période où il faut à la fois performer et profiter. La vague doit durer le plus longtemps possible, j’ai été quand même surpris car cette vague dure plus longtemps que prévu, un titre olympique n’a rien à voir avec un titre de champion du monde. Il y a eu une explosion lorsqu’on est rentré en France et c’était fabuleux.
Votre couple de rameurs s’est formé en 2015, quelle est votre relation au quotidien ?
HB : On est comme 2 frères, on a parfois envie de s’insulter (rires), et puis des fois de se prendre dans les bras. Ça se passe très bien, lorsque l’un de nous va mal, on sait que l’autre sera là quoi qu’il arrive. C’est une amitié qui s’est construite, il y a une grande confiance entre nous.
Votre couple de rameurs peut-il être remis en question ?
MA : C’est justement la spécificité de l’aviron. Nous sommes constamment remis en questions. Tous les ans, nous devons prouver que nous avons notre place dans le bateau, prouver que nous sommes les meilleurs individuellement. C’est peut-être critiquable mais c’est ce qui fonctionne et ce qui est connu de tous. Il faut d’abord se sélectionner en France, puis obtenir les quotas olympiques, mais notre place n’est toujours pas garantie. Il se peut que l’un de nous deux soit remplacé par quelqu’un d’autre.
Que vous apporte le soutien de Cost House ?
HB : C’est un financement qui nous a permis de passer un cap, c’est venu en complément de ce que nous donnait la Fédération Française d’Aviron. Cet argent, nous l’avons investi dans du matériel, des vélos, des machines de musculation, la technologie (capteurs de puissance, cardio) etc … On a maintenant un staff de personnes qui nous entourent. Cela a permis de solidifier tout ce qu’on avait travaillé, au niveau de la préparation mentale, la technique, le suivi médical et tout un tas de choses que l’on avait pas avant.
MA : On a professionnalisé notre environnement, on vise la très haute performance, nous sommes devenus sereins et notre esprit est complètement libre et concentré sur cette performance. Pendant la période des confinements, c’était aussi un gros soutien moral, on savait qu’on avait des gens derrière nous malgré la distance. Ce soutien de Cost-House il est précieux.
Et maintenant, quels sont vos projets ?
HB : J’ai envie de me mettre à l’anglais, de passer mon permis de conduire (rires). Je veux construire mon après carrière sportive.
MA : On veut être suffisamment performants pour monter sur le podium à Paris, on veut aussi préparer cette transition. On va se régaler.

© Fondation du Sport Français
Présentez-vous et votre entreprise.
O : Je suis Olivier Brongniart, fondateur du groupe Cost House qui porte 2 activités : une de conseil sous la marque Cost House et une autre d’édition logiciel sous la marque Valoptia. Nous sommes présents en France, au Brésil, au Maroc et en Suisse.
Vous êtes mécène de Matthieu et Hugo avec votre entreprise via le Pacte de Performance. Pourquoi est-ce important pour vous de soutenir les sportifs dans leur projet de vie ?
O : L’importance de ce projet, c’est de donner du sens à l’ensemble de l’équipe en interne, de pouvoir partager des moments ensembles, d’avoir leurs regards, leurs retours et de pouvoir apprendre beaucoup de choses. Cela nous permet aussi d’avoir un rôle en plus dans la société que celui d’une simple entreprise. C’est aussi un apport pour nous au niveau de l’image que l’on peut dégager auprès de nos clients et de nos partenaires.
Comment les avez-vous choisis ?
O : Le choix a été un hasard de la vie, un de nos associés connaissait Hugo Boucheron, il nous l’a présenté ainsi que le projet, ils n’avaient à l’époque pas beaucoup de soutiens. En tant qu’entrepreneur, nous savons ce que c’est de partir de rien.
Pourquoi avez-vous souhaité accompagner ces sportifs à travers le Pacte de Performance, dispositif de la Fondation du Sport Français ?
O : Le Pacte de Performance nous a offert un cadre rassurant pour être sûr que les choses soient faites correctement et de façon sécurisé de façon juridique, fiscal et social pour l’entreprise. Nous avons été guidés dans cette aventure qui était totalement nouvelle pour nous. Cela a donc facilité notre décision et la poursuite de ce projet.
Comment ce soutien envers 2 sportifs est perçu en interne ?
O : Les retours sont très positifs puisque leurs exploits sont suivis par la totalité des équipes, y compris celles à l’étranger. Cela mobilise largement, il y a une vraie adhésion de l’équipe. Nous avons l’habitude de nous réunir 1 fois par mois avec les 2 champions par Visio. Les échanges sont toujours riches, de par leur regard, leur maturité et leurs différentes expériences.
Comment avez-vous vécu cette médaille d’or avec vos collaborateurs chez Cost House ?
O : C’était un peu particulier car l’épreuve était de nuit, beaucoup de gens se sont réveillés pour suivre l’épreuve à la télé. Pour ma part, j’ai pris le train pour aller suivre l’épreuve dans leur club, sur les quais de Saône, à côté de Lyon. Il y a eu énormément d’émotions car la course a été très particulière, ça s’est joué au dernier moment.
Quelles actions mettez-vous en place avec eux ?
O : En plus des différents échanges que l’on peut avoir avec eux, nous communiquons sur les réseaux sociaux auprès de nos clients et partenaires, nous avons aussi la chance de les accueillir dans nos locaux de temps en temps. Nous allons organiser le 7 décembre prochain la “Soirée de la Performance” où ils seront conviés.
Quelles sont vos ambitions à travers le mécénat sportif ? Continuer à soutenir Matthieu et Hugo ? Soutenir d’autres sportifs ?
O : Nous sommes une structure de taille modeste, nous allons continuer à nous concentrer sur ces 2 sportifs car c’est un pari gagnant. Même s’ils n’avaient pas eu les résultats qu’ils ont obtenu, nous les aurions suivis de toute façon. Nous allons continuer notre investissement sur ce projet.
Propos recueillis par Guillaume Le Bohellec